Le 8 mars
Nous sommes toujours à Lima mais que pour quelques heures. Nous partons ce midi pour Hogar. En attendant, moi et Eva décidons d'aller visiter les catacombes de la cathédrale de San Francisco. L'église en soi est impressionnante par sa structure, mais ensuite nous descendons dans les catacombes au sous-sol. Les tunnels sont nombreux, très sinueux et pas très haut je ne peux y circuler sur toute ma hauteur. Je marcherai donc le dos courbé tout le long de la visite. Au bout de chaque tunnel, nous aboutissons à des salles où sont classés des ossements humains. Oui, oui, vous avez bien lu des ossements humains! Les hanches avec les hanches, les fémurs avec les fémurs, les crânes avec les crânes... En fait, les crânes jouissent d'un statut particulier, car on en retrouve avec les autres ossements, histoire de rappeler qu'il s'agit d'ossements humains. Voyez-vous. Les catacombes de San Francisco étaient le cimetière de la ville. Évidemment, un jour les prêtres ont manqué de places. Un petit génie a alors eu l'idée de les classer par catégorie pour ainsi libérer de la place. Aussitôt dit aussitôt fait et d'autres corps ont pu inhumés dans les catacombes de l'église. La salle des crânes est particulièrement impressionnante. Il y a des crânes de toutes les grandeurs, mais aussi de toutes les époques, c'est macabre ce que je vais dire, mais ici on voit très bien l'évolution des crânes humains à travers les siècles!
Midi sonne nous partons pour Hogar. Et nous voyions l'envers de la médaille. Ici, il manque de tout et il y a de nombreuses réparations à faire. De très nombreuses réparations. Seulement, deux religieuses dirigent l’orphelinat comptant 62 filles. Parmi, ces dernières il y en a une qui a 16 ans qui devra quitter les lieux dans deux semaines avec son poupon de 10 mois. Le poupon est issu des agressions subies par son père et son oncle, elle ne sait pas qui en est le véritable père. C'est yeux expriment son chagrin, sa souffrance et sa peur. Nous, nous nous sentons impuissantes devant le sort qui l'attend. Il y a tellement de petites filles qui ont besoin d'aide et si peu d'endroit pour les accueillir.
Les religieuses ne peuvent garder tout le monde. Les fillettes peuvent jouir d'un lieu sécuritaire et d'instruction jusqu'à l'âge fatidique de 16 ans. Nous songeons à regarder avec les religieuses pour le long terme et comment nous pourrions les aider. Actuellement, ces dernières veulent construire une école, ici même pour tous les degrés puisque l'enseignement dans le bidon ville n'amène pas l'espoir de s'en sortir puisqu'il est très médiocre. L'école primaire est en construction, il reste celle du secondaire et du collégial. Les fillettes qui auraient plus de 16 ans ne pourraient rester sur le site, mais pourraient continuer à y fréquenter l'école. Si l'orphelinat pouvait acheter d’autres terrains alors la peut-être qu'elles pourraient rester.Ici, tout est fait de restants et meubles par des dons. Ce n'est pas le luxe, loin de là. Mais, elles ont tout de même des ordinateurs désuets, mais des ordis. Elles ont une grande tv plasma et des DVD ce sont des dons, mais les religieuses auraient besoin de sous pour les constructions et ça les sous ils n'en ont pas souvent.
Ici, les fillettes sont très heureuses. Elles n'ont pratiquement rien, mais elles ont beaucoup d'amour. Vous devriez voir quand la camionnette revient du village. Les filles courent au-devant pour accueillir Hermania Rita et recevoir une caresse et un bisou. Elles sont très bien traitées, mais travaillent dur. Les fillettes de 7 a 12 ans se lèvent à cinq heures, font le ménage du dortoir, se lavent, déjeunent, s'habillent, vont à la messe puis partent pour l'école. Les fillettes de 13 á 16 ans, se lèvent à 8 heures, elles font le même rituel que les petites mais au lieu d'aller à l'école l'après-midi font des corvées. Tous travaillent, elles font la couture des vêtements, la cuisine, le lavage enfin tout. Elles le font dans la joie est la bonne humeur. Elles cultivent les légumes dans un jardin, traient la chèvre pour le lait, ont des poules. Elles sont très autonomes. Après, les petites reviennent de l'école et tout le monde fait la sieste. Levée à 4 heures, c'est le souper puis les filles de 13 et plus se préparent pour l’école. Elles y vont de 6 heures à 10 heures le soir! Oui, le soir. Pendant, ce temps les autres jouent dans la cour. Hier nous avons joué au volley-ball. Puis tout le monde se couche et se prépare pour une autre journée bien remplieLe 9 mars.
Attacher votre tuque car j’ai vu la pauvreté dans sa plus pure expression. Nous sommes allés visiter le bibonville. Ouf, je manque de mots. Les maisons des cartons, de paille ou de bout de bois d'à peine 10 pieds carrés. Et je vous avoue que je suis généreuse. Les religieuses voulaient nous faire voir d'où venaient les petites filles. Dans cet espace restreint, ils peuvent parfois y vivre à plus de 6 et même de dix. Cette proximité avec, oncles, pères et grands-pères favorisent les abus sexuels sur les fillettes qui parfois ont à peine deux ans.Nous rencontrons une dame usée par la fatigue et la chaleur. Elle est accompagnée par son fils de 2 ans. Elle doit marcher lourdement chargée jusqu'à sa maison dans le bidonville. La religieuse lui offre de la reconduire. Nous pénétrons donc dans le coeur même de ce coin du monde si reculé qu'il n'y a ni électricité, ni eau! Elle nous fait visiter sa maison. Ils sont 6 à y vivre. C'est sale, le toit est en petite tôle troué de partout, il n'y a pas de fenêtre sauf un trou au dessus de l'évier que je n'arrive pas é voir car il sert également de rangement pour le peu de vaisselle qu'elle possède. Le linge est pêle-mêle dans des boîtes de carton. L'odeur est infecte. Il n'y a pas de toilette. Il se soulage derrière la maison dans un abri en carton. Et ici, c'est le luxe!!! Oui, vous avez bien lu, le luxe. Car, son mari et elle possèdent le dépanneur du bidonville. Alors le matin, ils empilent les matelas un par-dessus l'autre et vendent la marchandise par un trou dans le mur. L'espace de tout ça environ 15 pieds par 8... Une partie du mur de la maison est en brique, le reste en un peu n'importe quoi qui peut boucher un espace. Aucune divisions internes, et un des enfants n'a pas de lit, il dort dans un hamac au-dessus du lit de ses parents. Je touche la dure réalité de la souffrance humaine. Ici, les femmes n'ont aucun droit et les maris ont une forte tendance à la violence. La dame a peur de son mari. Je lui donne donc 7 soles, ce qui me reste dans les poches, pour de l'Inca Cola, la boisson locale, alors que ce denier n'en vaut qu'un, peut-être son mari sera-t-il plus clément avec elle aujourd'hui.
De retour à Hogar. Il y a des gens qui attendent à la porte et la religieuse leur refuse l'accès. Elles nous expliquent qu'ici, un agresseur qui est dénonce écope de 30 ans de prison. 30 ans!!! C'est loin d'être le cas au Québec mais bref passons. Les agresseurs essaient de retracer leur fille pour les faire tuer avant qu'elle ne les dénonce. Personne ne sait la vocation réelle de l'orphelinat, donc en général les parents sont incapables de retracer les fillettes. Mais, des gens essaient. Les fillettes se cachent souvent le visage devant les étrangers. Elles vivent dans la peur constante lorsqu'elles sortent de l'orphelinat. L’école devient donc de plus en plus une priorité.
La nuit s’étire sur une expérience riche mais combien souffrante, je ne serai plus jamais la même femme à mon retour.
Martine Ayotte
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Salut les filles,
RépondreSupprimerQue d'émotions dans ce texte! Que de confrontations à la misère humaine! On a beau le savoir, il reste que le vivre, effectivement, changera vos vies à jamais.
Merci de nous le faire vivre au travers le blogue. Nos échanges au retour seront encore plus riches.
Ici, je vais bien et passe beaucoup de temps avec mes jeunes et leurs difficultés et aussi leur enthousiasme. Comme d'habitude, je cours après le temps.
Bonne journée
HugoRN
Salut la gang,
RépondreSupprimerJ'espère que vous avez passé une bonne semaine et que vous avez du temps pour vous reposer.
Pour ma part, j'entreprends la «Semaine du meilleur des mondes», dans le but de:Développer le sentiment d’appartenance; de se donner le pouvoir de changer; de valoriser la fierté de la réussite et de permettre une intégration des étudiants étrangers (Néo-Calédoniens, Ile de la réunion, Madagascar, Maroc). Il y a pleins d'activités et le tout se termine par une soirée spectacles et danses. Je vous en reparlerai. Mes étudiants organisent la dernière soirée.
Aujourd'hui : -5 degré...
Tourlou
HugoRN