Nous sommes à Huamparan depuis seulement 4 jours et il me semble que ça fait un an. Tout est difficile ici, en plus d'être au ralenti. Il a plu tous les jours depuis notre arrivée, sauf aujourd'hui et il fait froid. L'humdité nous pénètre jusqu'à l'os et on n'arrive pas à faire sécher quoi que ce soit, pour la bonne raison qu'il n'y a aucun chauffage dans la maison que nous habitons. Il n'y a pas de fenêtre non plus, ce qui fait qu'on a l'impression de vivre dans le fond d'un donjon du Moyen-Âge, rats et puces fournies.
J'épargne les détails de peur de passer pour un plaignard. On a hâte de se rabattre sur Lima, mais le projet n'avance pas vite. En arrivant ici, une surprise nous attendait; il n'y avait pas une école à mettre sur pied, mais trois. Je crois que je n'ai jamais autant travaillé de ma vie. En trois jours à peine, on a mis sur pied trois comités de parents, trouvé des responsables pour chacun d'eux, recrute trois professeures, un coordonnateur pour les trois écoles, trouvé deux locaux (l'une des écoles avait déjà été aménagée), commencé à rénover les deux locaux (construire des bancs et des pupitres, peindre les murs, revamper l'électricité, installer des tablettes, etc. On avait aussi acheté quatre caisses d'articles scolaires à Lima avant de partir et on va les répartir entre les trois écoles.
Huamparan est un bled tellement vaste qu'il est impensable de fournir des services scolaires aux petiots de 3 et 4 ans avec une seule école. Actuellement nous avons loué les trois locaux (pour une somme symbolique) qui sont situés á différents niveaux d'altitude. La partie la plus haute (arriba) se nomme Santa Rosa, la partie centrale, Vista alegre et la partie la plus basse (abajo), c'est Ocopampa. Avec l'aide de parents bénévoles, on pense à débuter les classes au début de la semaine prochaine. On va organiser une petite fête dans chaque école pour l'inauguration.
La misère qui règne ici est indicible. Il faut vivre dans l'une de ces familles pour comprendre. Il y a beaucoup de malnutrition (les enfants ne mangent que des patates bouillies avec du piment fort et pas tous les jours), de négligence parentale, et beaucoup d'isolement. On vit à peu près comme il y a deux cent ans chez nous. Les gens ont trés peu de contacts avec le monde extérieur. Entre eux ils parlent uniquement quéchua. Leur espagnol est trés difficile á suivre pour nous. Evidemment Internet et le léléphone sont inconnus (sauf les cellulaires) et si je peux t'écrire aujourd'hui, c'est parce que nous sommes descendus à la ville la plus proche Huari, à une heure de route de Huamparan. Route est un bien grand mot pour décrire cette piste de boue et de nids de poule dans laquelle les autos ne peuvent rouler à plus de 30 km/hre et encore, quand elle n'est pas bloquée par un camion de bois qu'on charge en coupant le chemin à tout le monde pendant des heures. Heureusement que notre chauffeur connaissait des sentiers alternatifs dans lesquels il a pu nous prouver que son véhicule était amphibie!!!
Nous ne savons pas si chacune des petites écoles va survivre a une année de fonctionnement. C'est vraiment de la médecine de brousse que nous faisons. Mais ce que nous savons sûrement c'est que ces gens ont besoin d'aide. On a pris la chance de leur faire confiance, car on n'a vraiment pas d'autre choix. Celestina, l'âme dirigeante de ce projet, va venir faire un tour de temps en temps (à tous les trois mois environ) à partir de Lima (14 heures d'autobus sans toilette) pour vérifier s'il n'y a pas d'abus et dépanner ceux qui ont besoin d'aide.
Heureusement qu'il y a eu du soleil aujourd'hui pour me redonner confiance en notre mission ici et que la santé est bonne malgré que nous sommes incapables de prendre les mêmes précautions qu'à Lima et que notre régime alimentaire en est un de subsistance et végétarien à part cela. Je ne sais pas quand je pourrai redonner des nouvelles. Il nous faut retourner pronto, car le dernier combi pour le retour part vers 16hre et il est 15h30. Il est vrai qu'ici il n'y a pas d'horaire. Le chauffeur part á l'heure où il peut faire place comble. Et s'il n'y en a pas suffisamment, ben il ne part pas.
Salut la compagnie!
Daniel Gagné
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