En arrivant à la Casa, la première chose que les travailleuses de l'APDH m'ont montré, avec une fierté qui se lisait facilement sur leur visage c'était mon petit arbre, sauvé d'une mort certaine l'an dernier.
Ce petit arbre avait poussé au mauvais endroit, au mauvais moment, dans la cour avant de cette maison, auparavant un laboratoire clandestin de drogues illégales, que rien ne destinait à devenir un refuge pour femmes et enfants violentés.
L'an dernier, il n'était pas plus à sa place pendant que nous tournions tout autour, avec nos pelles, nos pioches de ciment, nos échafauds, nos tiges de fer à armatures, nos scies et nos marteaux. Il vivait constamment en état de siège, sans que personne ne lui accorde la moindre attention, pas même lorsque nous l'arrosions copieusement chaque jour en vidant les tonneaux d'eau sale que nous utilisions pour faire le ciment.
Or, cette eau inattendue fut un baume pour ses blessures et lui permit de lutter contre son pire ennemi qui n'était pas nous finalement, mais la sécheresse. Il se mit à lui pousser des feuilles et même des fleurs. Pas beaucoup certes, mais suffisamment pour que je le remarque.
C'était sa façon à lui de lutter pour sa survie sa meilleure arme était la beauté gratuite qu'il introduisait dans notre petit monde de travailleurs au nez rivé sur les dures besognes à accomplir. Finalement ce fut très efficace comme moyen de défense contre ses assiégeants.
Je le pris en protection, lui construisant une clôture et implorai les femmes de l'arroser chaque jour où il ne pleuvrait pas, c'est-à-dire presque 365 jours par année à Lima.
C'est cet arbre-là qu'elles m'ont montré en arrivant. Des centaines de fleurs, de belles fleurs rouges brillaient dans ses petites branches comme autant de sourires à la vie. Les femmes de la Casa avaient tenu leur promesse.
Elles et moi on avait développé une vraie complicité. On savait tout le symbolisme qui se cachait derrière cette aventure un peu banale. Cet arbre-là était la personnification de leur travail et, indirectement, du nôtre. Redonner une deuxième chance dans la vie à ceux qui n'en ont pas eu au départ, aux centaines de femmes et d'enfants, arrivés ici avec le masque du malheur plaqué de force sur leur visage et que les petits soins qu'on leur accordait, arrivait à faire décoller pour retrouver des centaines de sourires ensoleillés qui ne demandaient qu'à percer au grand jour.
Dès que j'ai pu toucher à ces fleurs de mes mains, j'ai su tout de suite que je n'étais pas venu pour rien l'an passé et, que pour cette année aussi, il allait en être de même.
Daniel Gagné
Volontaire autonome
p.s. la prochaine fois j'y mettrai des photos. l'ordinateur ne me le permet pas.
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Bravo à la gang, c'est du beau travail que vous accomplissez, avec tous vos efforts, vos objectifs, pour cette année, seront sûrement atteints.
RépondreSupprimerIci, pour l'arrivée du printemps un -20 degrés hier et aujourd'hui, une petite neige, rien à voir avec la température du Pérou. Vos photos nous parlent, de beaux petits enfants, belle barrière, etc.
Un salut spécial à Daniel, Linda et Nicole (les personnes que je connais de votre groupe), ne lâchez pas.
Hélène Juneau
Je lis votre blogue depuis que Gérald m'en a transmis le lien.
RépondreSupprimerC'était hier...Enfin c'était hier que je l'ai lu.
Bonjour Éva, bonjour Léandre, bonjour Daniel, bonjour Françoise.
Je vous suis donc dorénavant de près, et à chaque fois que je vois Gérald nous parlons de vous.
Bref, vous êtes dans les pensées de plusieurs personnes de par ici.
Je ne sais trop si vous le sentez.
En lisant vos propos, en regardant les photos, je sens le travail et le plaisir découlant de l'effort consenti.
Tenez-nous au courant.
France Neveu
Bravo à toute l'équipe volontaire autonome, vous accomplisez un travail mémorable, vous rendez plusieurs personnes heureuses et tout cela avec coeur (et sueur hi!hi!).
RépondreSupprimerJe vous félicite et je souhaite que votre dévouement puisse interpeller toujours plus de volontaires autonomes afin que les contructions et réparations dédiés aux gens dans le besoin et pour les services médicaux, sociaux etc.. se multiplient dans le futur. Bonjour spécial à Nicole et profite de tes vacances. Bon retour.
Sylvie Allard
Salut France,
RépondreSupprimerMerci pour tes mots d'encouragement. Ça fait du bien même si ici tout le monde est très gentil avec nous. Il n'y a rien comme les Abitibiens pour nous consoler des petites frustrations de la vie loin de chez soi.
Daniel